Le propre de l'Homme

Question existentielle

Le samedi matin sur , une des meilleures émissions radiophoniques. Sur les épaules de Darwin, par Jean Claude Ameisen, est une émission à caractère scientifique qui vulgarise les connaissances actuelles en matière de biologie, d'anthropologie ou d'ethnologie. Il y aborde des sujets comme l'éthologie cognitive, le mécanisme des sens, le développement cellulaire et nous fait découvrir des phénomènes que nous connaissons peu et qui posent de bonnes questions.

Ainsi par exemple, le mécanisme de lecture est extrêmement complexe. Il s'agit, on l'oublie, de reconnaitre chaque caractère, puis les mots, les assembler pour en faire une phrase, les faire résonner dans notre esprit pour créer une histoire. Tout cela est fait en instantané, c'est du génie. Et bien l'homme le pratique au quotidien sans s'en rendre compte, simplement parce qu'il l'a appris. Par contre, il se fait battre à plat de couture par un chimpanzé au jeu du Memory. Il faut toujours se méfier des idées préconçues dans ce domaine, ce cerveau qui nous semble si puissant peut-être bien médiocre sur certains terrains.

Les chimpanzés ou les gorilles sont aussi capables de lire, de s'exprimer, de montrer leur sentiment, de se souvenir d'échanges et d'avoir de l'humour. Alors évidemment, la complexité du langage des animaux n'est pas la même (et encore, je ne sais pas), mais il n'y a sans doute pas de différence en essence entre plusieurs espèces animales à ce sujet.

Je pourrais lister de nombreux exemples, ainsi: le mécanisme des neurones miroirs (rire, baillement, tristesse), la conscience de soi, la capacité à deviner l'intention des autres ou l'empathie. Je suis souvent surpris des préjugés que nous avons sur le propre de l'homme, qu'il faille s'attacher à ce sujet. A l'inverse, notre partie animale est toujours sous-estimée. Dans l'histoire des sciences, les définitions de l'intelligence, qui en feraient une caractéristique spécifique de l'être humain, ont constamment été mises à mal par l'avancée des connaissances en matière de biologie et neurologie.

Ainsi auparavant, seul l'homme possédait un langage, maitrisait l'outil, avait le sens de l'humour ou la notion de soi. Il y a cet étrange sentiment chez l'homme qui le pousse à se considérer différent, et qui altère son regard au Monde. Et d'ailleurs, la question du propre de l'homme est elle même subjective et biaisée.

Pour un regard de spécialistes, Pascal Picq s'exprime, même s'il suppose toujours que nous sommes à part, à la différence d'un Jacques Derrida qui dans son "L'Animal que donc je suis" dit que la distinction homme/animal est une simplification conceptuelle qui mène à la guerre des espèces.

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